L’histoire de Ryû

Il y a des rencontres qui changent une vie.


Ryû fait partie de celles-là. Ce n’est pas un chien arrivé dans ma vie par hasard. C’est un chien qui m’a mise face à mes limites, à mes contradictions, à tout ce que je croyais savoir… et qui m’a obligée à regarder autrement.

Un chien réactif… et beaucoup plus que ça

Quand Ryû est arrivé auprès de nous, je savais qu’il ne serait pas “facile”. Il avait été pris en charge par une association, et il portait en lui des peurs profondes, une méfiance tenace, une tension constante dans le corps. Mais je ne m’attendais pas à autant de violence dans ses réactions.
Face aux humains, il pouvait se figer… puis exploser. Et surtout : aucun signal clair, aucun avertissement comme on nous les décrit dans les livres.
J’étais désemparée. Et même si je connaissais déjà les bases du comportement animal, je n’avais pas encore les outils que j’ai aujourd’hui. Alors, comme beaucoup, j’ai cherché de l’aide.

Ce qui ne fonctionne pas… quand on impose

J’ai fait appel à un éducateur. J’ai suivi ses recommandations. J’ai tenté d’appliquer ce que je lisais, ce que j’entendais. Mais rien ne tenait. Les mises en situation contrôlées ? Trop compliqué. Les tentatives de désensibilisation ? Impossible de gérer les imprévus. Les protocoles rigides ? Pas pour nous.

Tout ce que je faisais partait d’une bonne intention… mais ne répondait pas à qui était Ryû. Il ne réagissait pas “comme il aurait dû”. Il se refermait. Il se tendait davantage.

Un jour, j’ai compris : c’est moi qui devais changer de posture. C’est moi qui allais devoir réapprendre. Pas lui.

La bascule : ralentir, observer, reconstruire

J’ai cessé de vouloir provoquer des situations “formatrices”.
J’ai choisi de commencer dans des lieux calmes, peu fréquentés. Là où rien ne nous forçait. Là où il pouvait observer, respirer, prendre des décisions. Là où moi aussi, je pouvais me détendre.

On a reconstruit les bases : le lien, la concentration, la confiance. J’ai appris à mieux lire son corps. À ne plus projeter mes attentes. Et peu à peu, j’ai intégré le jeu dans nos balades. Pas comme une distraction, mais comme un vrai outil de contre-conditionnement. Une alternative émotionnelle.

Quand un humain apparaissait dans son champ de vision, ce n’était plus une menace. C’était un déclencheur positif. Un signal : “Tiens, si on jouait ?”
Et Ryû a changé de regard. Il est resté présent. Curieux. Détendu.

Aujourd’hui : une vie normale, respectée, joyeuse

Aujourd’hui, Ryû m’accompagne partout. Dans des lieux animés, bruyants, remplis de stimulations. Il reste à l’aise, à sa place. Et surtout, je respecte qui il est.
Je n’attends pas de lui qu’il adore les humains. Je n’oblige personne à le caresser, à le saluer, à entrer dans son espace.
Je dis simplement : “C’est un chien timide. Il préfère qu’on ne l’approche pas.” Et ça suffit. Parce que je connais ses besoins. Et parce qu’il a le droit, lui aussi, à un espace de sécurité dans un monde trop intrusif.

Ce que Ryû m’a appris

Ryû m’a enseigné bien plus que les chiens que j’avais connus avant lui. Il m’a appris à abandonner l’idée de contrôle. À ralentir. À accueillir. À faire confiance à l’intelligence émotionnelle de l’animal.

Aujourd’hui, j’accompagne d’autres binômes en difficulté. Et je le fais avec cette mémoire-là : celle d’un chien qu’on aurait pu “étiqueter” comme dangereux ou perdu… et qui avait simplement besoin qu’on le regarde autrement.

Il n’y a pas de transformation durable sans respect.
Pas de progrès sans écoute.
Pas de confiance sans choix.

L’histoire de Ryû, c’est celle de tous ces animaux qui attendent qu’on leur laisse enfin le temps d’être compris.

Merci à mes formatrices pour tous leurs conseils et surtout à Anaïs pour son accompagnement sans faille autant en comportement qu’en Kinésiologie.

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